Le dessin :
pratique
traditionnelle et
contemporaine
ses fonctions
Observation
Le dessin d'observation (d'après le motif ou sur le vif) consiste à reproduire avec justesse le modèle qui se trouve en permanence
sous les yeux du dessinateur. L'activité développe la concentration et l'acuité visuelle, oblige un
regard soutenu sur le modèle. Cet exercice convient au dessinateur dès son stade de réalisme visuel.
La difficulté varie certes selon le modèle, mais aussi selon ses dimensions. Un modèle en 2D, ou s'en
approchant (comme une photographie), est plus simple qu’un modèle en 3D. La taille du modèle,
comme son éclairage, interfèrent dans les modalités de l'observation.
Jacques Louis DAVID, Tête de Marat assassiné, 1793, dessin d'après nature, plume sur papier blanc collé sur un papier
brun, 33,8 x 28 cm, Châteaux de Versailles et de Trianon, http://collections.chateauversailles.fr/
Recherche, projet
Le dessin de recherche est au service d’un autre
travail (sculpture, marqueterie, architecture, etc.) à
la recherche d’une idée, de son approfondissement
et d'une meilleure compréhension. C'est la
visualisation d’une idée, d'un projet.
Alberto GIACOMETTI, Tête d'homme et femme debout,
Stylo bille bleu sur papier kraft de 13,1 x 11 cm,
Collection Collection particulière
Invention ou imagination
Le dessin d'imagination consiste à créer à partir de sa
réserve personnelle d'images intérieures (images
mémorisées ou innées) et en projeter de nouvelles (par
intuition, réflexion ou en réaction à ce qui apparaît sur le
support). Il révèle en particulier les impressions et les
sentiments, les émotions et la sensibilité.
Albrecht DÜRER, Melencolia (Mélancolie) 1, 1514,
gravure au burin sur cuivre de 23,9 x 16,8 cm, Musée
Condé, Chantilly, France
Mémoire
Le dessin de mémoire consiste à reproduire
avec un souci de justesse ce qui a été vu,
observé, analysé et mémorisé avec plus ou
moins de précision et de rigueur. L'activité
exige une grande attention durant la phase de
perception (perception globale et analytique),
elle développe la mémorisation visuelle.
La grande fresque de la salle du fond de la grotte
Chauvet. Les hommes préhistoriques dessinaient de
mémoire et non d'après le motif, puisque dans le fond
de leur grotte, la vue des animaux et paysages
extérieurs était impossible.
hasard : cadavre exquis, écriture
automatique, Méta-Matics de JEAN
TINGUELY (co-artiste, co-auteur, co-signataire)
performances : Dennis Oppenheim
et son fils ; Heather Hansen et la
danse, marche de Richard Long
« Two Stage Transfer Drawing » est réalisée en 1971 aux États-Unis, c’est une performance filmée, en
deux parties, titrées : « Returning to a past state » (7:53 min) et « Advancing to a future state » (11:55
min). De 1969 à 1972, Dennis Oppenheim met en scène son propre corps et celui de son fils Eric, et
travaille sur la relation corps-art à travers la transformation et les interactions entre les êtres
humains. Cette œuvre est visible au Centre Georges Pompidou à Paris" Quand je fais progresser un
marqueur le long du dos d’Eric, celui-ci tente de reproduire le mouvement sur le dos. Mon activité
stimule une réponse cinétique (énergie d’un corps en mouvement) de son système sensoriel. Je suis
donc un dessin à travers lui " : Dennis Oppenheim.
Cette passionnée de danse, se munie de fusains dans chaque main, s’installe sur une grande toile de
papier géante posée au sol et entame une chorégraphie. Son corps se crispe en gestes chorégraphiés,
les longues trainées résultent d’un enregistrement permanent sur le papier de ses mouvements
physiques comme un dessin cinétique. Entre performance, danse et arts visuels, Heather Hansen
signent des créations aux motifs géométriques et symétriques.
art protocolaire
Sol LEWITT
Vera MOLNAR,
Promenade presque
aléatoire
numérique
ses statuts
Croquis, esquisses, études : étape préparatoire
ESQUISSE : Ce mot vient de l'italien schizzare jaillir, éclabousser, suggérant l'idée de spontanéité et de rapidité dans la démarche d'un créateur. Fruit
de l'imagination, l'esquisse ne répond à un souci ni de présentation ni d'achèvement puisqu'elle est l'état préliminaire d'un projet. Elle était destinée
à demeurer dans l'atelier de l'artiste, servant à valider un contrat de commande, entre un commanditaire et l'artiste. Son format est presque
toujours très réduit, sa technique hâtive mais plus aboutie que le croquis.
Léonard de VINCI Draperie pour une figure assise Pinceau et tempera grise, rehauts de blanc, sur
toile de lin préparée grise. Traces de montage à la plume et encre noire. Usures dans la préparation
de la toile. Angle supérieur gauche reconstitué. Doublé. 26.6 x 23.3 cm. Musée du Louvre, Paris. Cette
draperie de Léonard de Vinci est la plus célèbre de toutes les esquisses sur tela di lino (toile de lin). Il
en existe seize au total, exécutées pendant les années 1470.
ETUDE : Exécutée d’après nature, afin de saisir la réalité sur le vif. L’étude peut être exécutée pour elle-même ou comme préparation d’une
œuvre plus élaborée. Les études sont souvent présentées sous forme de fragments d'un intérêt particulier, visant à l'approfondissement et à
une meilleure compréhension de la forme réalisée.
MICHEL-ANGE, Études pour la Sibylle libyque, vers 1511, 28,9 x 21,4 cm, Sanguine et légers accents de
craie blanche sur l'épaule gauche du personnage de l'étude principale MetMuseum
Le CROQUIS est une capture ou transcription très rapide d'une scène visuelle sur un support en deux dimensions. Il s'agit d'un dessin exécuté à main levée qui
révèle l'essence de ce qui a été observé ou imaginé. Il peut s'agir, d'objets, d'êtres vivants, d'architecture, d'animaux, de décors intérieurs ou extérieurs... Le
croquis peut être réalisé au crayon, à l'encre, à l'aquarelle... des techniques rapides d'exécution et de séchage.
REMBRANDT, Jeune fille dormant, vers 1654, lavis
de bistre avec rehauts de gouache blanche, British
Museum, Londres, 246 x 203 mm
Aquarelle, gravure, dessin au crayon, au fusain, ... : oeuvre autonome, aboutie
Ernest PIGNON-ERNEST, Les Extases, Chapelle Saint Pons, Nice 2016. Ses
dessins ont eu pour modèle la danseuse-étoile Bernice Coppieters, des
Ballets de Monte-Carlo. En ce sens le fait que Ernest Pignon-Ernest ait choisi
une danseuse pour ses dessins préparatoires, nous conforte dans le ressenti
que nous avons d'être au milieu d'un ballet , d'une chorégraphie en
mouvement, installée sur une scène d'eau qui crée un espace sans limite
dessus, dessous, le vertige de l'infini.
DESSIN : Dessiner est souvent perçu comme la volonté de représenter ce qui est observé de la manière la plus « juste » :
un objet, un paysage, un portrait etc. Toutefois, dès que l’on dessine, on fait des choix. En arts plastiques, ces
choix, liés à la représentation, sont appelés « écarts », que l’objet soit observé, mémorisé ou imaginé. Ces choix
ne sont pas dus au hasard mais sont étroitement liés à l’intention de l’artiste et aux moyens dont il s’empare
(outils, support etc.). Ces choix sont porteurs d’une valeur expressive. Dessiner peut également signifier
explorer des outils, des gestes, des supports sans volonté de représenter. Le dessin est alors le lieu de formes
imprévues, d’inventions ou explorations graphiques, d’élaboration de langages inventés.
DESSEIN : Le dessin a également une autre fonction fondamentale en arts plastiques : il permet d’élaborer un projet.
Par exemple, cette fonction peut être convoquée dans le cas d’un projet tridimensionnel, en sculpture ou en
architecture : on peut dessiner ce qu’il projette de réaliser. Il convient alors de confronter l’intention à la réalisation,
tenant compte notamment des effets induits par la matière, les matériaux, etc.
Dans les pages des journaux intimes de l’artiste VERA MOLNAR, les dessins sont des travaux de
conception et de recherche, pouvant aboutir ou non. Les dessins et esquisses sont conçus le plus
souvent à la main, mais l’artiste ajoute parfois une esquisse ou un exemplaires dessiné par
ordinateur. CDROM Véra Molnar. Journaux intimes. 1976-2003. Édition Présent composé 2008. EA
3208. Rennes 2. Copyright
CHRISTO et JEANNE-CLAUDE, L'Arc de Triomphe, Wrapped (Project
for Paris) Place de l'Etoile – Charles de Gaulle. Dessin 2019 en
deux parties 38 x 244 cm et 106.6 x 244 cm. Crayon, fusain,
pastel, crayon à la cire, peinture émaillée, étude architecturale et
topographique, carte dessinée à la main sur vélin et ruban
adhésif. Réalisation programmée pour l'automne 2021, en
respectant les volontés ultimes de l'artiste décédé en 2020.
ses usages
"beaux-arts"
bande-dessinée
caricatures
cinéma d'animation
WILLIAM KENTRIDGE
animations au fusain image par image (stop motion avec traces fantômes) : il utilise une technique
qui est devenue une caractéristique de son travail : des dessins au charbon ou fusain successifs,
toujours sur la même feuille de papier, contrairement à la technique traditionnelle d’animation dans
laquelle chaque mouvement est dessiné sur une feuille séparée. Ainsi, les vidéos et films de
Kentridge conservent les traces de ses dessins antérieurs.